C’est qu’il existe des journalistes indépendants, des citoyens photographes, des victimes équipées de téléphones portables, qui se faufilent sur ces réseaux malgré les surveillances et qui publient « une vérité » qui déplait à notre homme politique. Vite, créons une autre vérité à diffuser largement, fabriquons d’innombrables articles envoyés partout pour dire « la » vérité et progressivement étouffer « leur » vérité. Et ainsi de suite ! Dites, monsieur Larousse, vous n’auriez pas, par hasard, oublié de définir un mot entre véritable et verjus, parce que là, pour le coup, c’est à chacun sa vérité.
Comme la vérité est l’état de ce qui est vrai, la liberté est l’état de ce qui est libre. Mais là encore, il y a sens et contresens. Dans le pays où trône La Liberté éclairant le monde d’Auguste Bartholdi, des dirigeants estiment qu’en Europe, nos règles de vie, de commerce, de diffusion des opinions entravent la liberté. Et nous le reprochent. Mais sans règles, certains perdent leur liberté, selon le célèbre exemple du loup libre dans le champ des brebis libres. Libres d’être dévorées. Pour éviter le carnage, soit une force supérieure entrave la liberté du loup, soit elle met les brebis en sécurité en limitant leur liberté. Selon qu’on est plutôt brebis ou plutôt loup, le mot liberté change de sens. Notez que les dirigeants ci-dessus évoqués, sont généralement plutôt côté loups !
Avec le mot agressivité, état de ce qui est agressif, sens et contresens s’entremêlent aussi, selon la formule bien connue des cours de récréation : c’est celui qui le dit qui l’est. Voilà que le chef de l’état qui menace de « sa » bombe, expédie à vau l’eau drones et fusées, pousse sans répit des milliers d’hommes vers le pays voisin, sabote des ordinateurs par vagues successives, se plaint, l’air contrit et furieux à la fois (il est spécialiste de ce genre de mimique), que « on » ne pense qu’à agresser et envahir son pays qu’il chouchoute avec amour.
« Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà » écrivait Blaise Pascal au milieu du XVII° siècle, dans une Pensée titrée L’économie du monde, où il doute que soit possible une loi universelle…
C’est à y perdre son latin !
Michel Seyrat
Approches Coopératives
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