Le projet « Territoires zéro chômeur longue durée » est une initiative géniale proposée par l'association ATD-Quart Monde, pour rendre effectif le droit d’obtenir un emploi, principe énoncé dans le préambule de la Constitution de 1946. Cette initiative associative repose sur trois intuitions – personne n’est inemployable, ce n’est pas l’argent qui manque et ça n’est pas le travail qui fait défaut. L'idée est donc de créer des emplois grâce à des Entreprises à But d’Emploi (EBE), qui embauchent – sur la base du volontariat – des chômeurs de longue durée en CDI, au SMIC et à temps choisi, afin de réaliser des travaux utiles localement mais non réalisés car jugés peu rentables pour le marché classique.
Comment financer ces emplois ? Et bien par la réaffectation des coûts et des manques à gagner liés la privation durable d’emploi. La France dépense au moins 43 milliards d’euros annuels soit 18 000 euros par an et par personne durablement privée d’emploi. Avec cet argent, mieux vaut offrir un emploi qu'une indémnité chômage, non ?
Le mal-logement est un autre problème social non résolu en France. Sept Français sur dix affirment qu’il est devenu difficile de se loger dans leur commune, selon un sondage Odoxa publié le 18 novembre. Un récent article du journal Le Monde notait qu'en vingt ans, les prix hors inflation du logement ont progressé de 88 % alors que le salaire moyen n’a augmenté que de 13 %. Pourtant, cette question demeure absente du débat politique.
Une initiative municipale vient changer la donne : le XXème arrondissement de Paris lance ce mois-ci à la commercialisation deux immeubles, chacun d’une cinquantaine de logements, à moins de 5000 euros du mètre carré, près de la moitié du prix du marché ! Comment ce miracle est-il possible ? En dissociant la propriété du terrain, qui reste publique (appartenant à la « Foncière de la Ville de Paris »), de la propriété des murs qui est acquise pour 99 ans par l’accédant. À Paris, plus de 1000 logements BRS sont aujourd’hui en gestation. Et ce nouveau système d’accession, national, prend rapidement son essor, tant il répond à un véritable besoin.
Voilà deux exemples de solutions concrètes, non utopiques, à deux grands problèmes sociaux, le chômage de longue durée et la crise du logement, qui empoisonnent notre société et font monter le vote pour le Rassemblement National. Les gouvernements successifs ont été incapables de les imaginer. Elles sont le fruit d'initiaves locales, nées d'une analyse du terrain : les approches coopératives font la différence.
Dominique Bénard