Approches Coopératives Publications et formation sur les méthodes coopératives

Synecdoques et perceptions sociales : décryptage et enjeux

Y en a marre des synecdoques !

benarddom Par Le 29/12/2025 0

La démultiplication répétitive des informations multiplie les synecdoques* qui déforment la réalité en noyant le poisson.

* Figure de style qui consiste à évoquer une réalité par un terme qui a une signification plus limitée (la partie pour le tout) ou au contraire plus large (le tout pour la partie). 

Ainsi nous dit-on que les Russes veulent envahir l’Ukraine, ou même l’Europe, quand cela ne semble l’obsession que d’un seul homme et de ses affidés. Il est probable que "les Russes" sont majoritairement désireux de paix, de prospérité, de joie de vivre et qu’ils seraient très heureux de visiter le reste du monde et de recevoir pacifiquement  les touristes justement admiratifs de Saint-Pétersbourg ou du Bolchoï. Que la paix serait belle entre "les Russes" et le reste du monde ! 

On nous répète que "les Français" paient trop d’impôts. Mais quels Français et quels impôts ? La synecdoque cache une réalité bien plus complexe. Dès lors, nous n’avons plus qu’à gober une info qui mériterait plus de précision. Comme toute synecdoque, celles qui résument un peuple à son nom sont commodes et irremplaçables, mais que d’idées fausses et de clichés elles véhiculent ! 

L’image qui consiste à résumer des instances gouvernementales par le lieu où elles résident et courante et commode, mais elle masque le ou les auteurs réels d’une décision prise par "l’Élysée", "la Maison Blanche" ou "le Vatican". Chose pourtant utile à savoir en cas d’élection. Et que dire des mystérieux "visiteurs du soir" qui se présentent nuitamment aux portes dérobées des palais ? Décidément, les synecdoques sont des masques commodes.  

Bien vagues aussi et sources d’innombrables préjugés, celles qui englobent un groupe social.  "Les jeunes" cela désigne certes la génération actuelle, mais cette généralisation estompe les différences, les problèmes, les comportements, les valeurs, les refus de tout une classe d’âge,  réduite à ses seules années de naissance. Souvent la synecdoque n’a pas le même sens selon qui l’utilise : "les beaux quartiers" par exemple, ou "l’assistanat" ou "les lois sociales"…

Quand on dit "la rue a parlé" de qui parle-t-on justement ? Qui précisément rassemblaient "les gilets jaunes" devenus fantasmatiques ? Bien inquiétants aussi tous "les réseaux", ce faisceau opaque et apatride des réseaux sociaux ou tant d’interactions se déroulent dans des plateformes complexes déjouant tout contrôle. Qui les organise ?

Certes, à l’heure de "l’info minute" et continue, les synecdoques, en créant des images évocatrices, permettent de saisir rapidement des réalités complexes avec des termes familiers. Elles disent d’un mot des ensembles sociaux, politiques, géopolitiques, des dynamiques de pouvoirs… Mais cette brièveté risque de dissimuler ce que chaque citoyen de ce monde globalisé est en droit de savoir. 

Oui, des fois, y en a marre des synecdoques dissimulatrices !

Michel Seyrat. 

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam