Il faut féliciter Pierre Hurmic, maire de Bordeaux et président du GSEF, pour la remarquable organisation du forum qui a permis aux participants, pendant trois jours, de participer à 13 plénières et 169 tables rondes organisées en 7 parcours :
- Financer la transition : quels outils pour soutenir l'économie sociale et solidaire (ESS) ?
- Agir pour la transition écologique : énergie, alimentation, déchets.
- Développer l'emploi décent : travail, démocratie et inclusion.
- Faire ensemble : coopérations, territoires et action publique ?
- Développer le pouvoir d'agir : l'autonomie pour tous.
- Prendre soin : l'ESS, un acteur clé dans la fourniture des services sociaux.
- Inventer un futur désirable : innovation, impact et nouveaux récits.
L'économie sociale et solidaire n'occupe pas une place négligeable dans le monde. En France elle connaît depuis quarante ans un indéniable essor, et compte aujourd’hui 165 000 entreprises, comprenant 154 000 associations employeuses, 8 700 coopératives, 800 mutuelles, 500 fondations et une centaine de sociétés commerciales. Entre 2010 et 2018, 71 100 emplois ont été créés par les entreprises de l’ESS, qui regroupe aujourd'hui 2,4 millions de salariés.
L'économie sociale et solidaire fonctionne sur un modèle fondé sur les principes de la coopération plutôt que de la concurrence, de l’inclusion plutôt que de l’exclusion, de la décision collective plutôt qu’autoritaire, de la rémunération équitable plutôt que de plus en plus inégale.
Comme l'affirme Christian Sautter dans sa dernière "lettre à nos amis", l'ESS est "une économie humaine, où chaque travailleur peut s’épanouir plutôt qu’une économie des tableaux Excel, où chaque actif est un matricule, dont le travail est traité comme une marchandise dont il faut minimiser le coût. Comme l’a dit Pierre Hurmic : « Le Forum n’est pas l’anti-Davos. C’est l’après-Davos »
En conclusion de ses travaux, le Forum a publié une « Déclaration de Bordeaux GSEF 2025 » qui résume en trois pages l’ambition universelle de ce mouvement, complété par une deuxième « Déclaration pour une paix durable », expliquant que l’ESS est une réponse pour prévenir les conflits et les migrations majeures que vont provoquer la cupidité de grandes firmes capitalistes, la folie de certains responsables politiques et le réchauffement climatique, source de tensions sur l’eau, l’alimentation, l’énergie. Le Forum a publié aussi une « Déclaration internationale de la jeunesse pour l’ESS ». Elle est le fruit d’une longue préparation menée en Afrique (ABEWE en Côte d’Ivoire), en Amérique latine (INAES au Mexique), en Asie (Youth Hub à Séoul), en Amérique du nord (Aile jeunesse au Québec) et en Europe. Elle proclame : « Nous, jeunesses d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Amérique du nord, sommes réunies à Bordeaux, unies par nos diversités et guidées par une même aspiration. Face aux crises écologiques, économiques et démocratiques qui menacent nos sociétés, nous refusons l’immobilisme et la résignation. Nous choisissons l’Économie sociale et solidaire comme horizon commun : une économie au service de la vie, de la dignité et du bien-être collectif ».
Suit un plaidoyer en six points étayés par des propositions concrètes : vivre dignement ; travailler autrement ; apprendre ensemble ; protéger le vivant ; participer pleinement ; construire la paix entre les peuples.
Retenons trois phrases de ce texte enthousiasmant :
- "Apprendre ne se limite pas à accumuler des connaissances : c’est construire un regard critique, développer des compétences citoyennes et imaginer ensemble les solutions de demain ».
- « La paix commence lorsque chacun peut vivre, s’impliquer et s’épanouir au sein de sa communauté ».
- « La mobilité doit être un droit, non un privilège ».
Le n°27 d'Approches Coopératives, qui doit paraître à la fin de l'année, sera entièrement consacré au septième forum mondial de l'ESS à Bordeaux, avec un florilège d'interviews exclusives dont celle de Benoit Hamon, président d'ESS France.